En effet, savez-vous quelque chose de plus charmant qu'un de<br/>ces petits comités, dans le coin d'un salon élégant, entre cinq à six<br/>personnes qui laissent capricieusement aller la parole au gré de leur<br/>caprice, suivant et caressant une idée tant qu'elle leur sourit,<br/>l'abandonnant lorsqu'elles en ont épuisé toute la saveur, pour se<br/>reprendre à une autre idée qui grandit et se développe à son tour au<br/>milieu de la raillerie des uns, des paradoxes des autres, de l'esprit de<br/>tous, puis qui, tout à coup, arrivée à l'apogée de son éclat, au zénith<br/>de son développement, disparaît, s'évapore, se volatilise comme une<br/>bulle de savon au toucher de la maîtresse de la maison qui, une tasse<br/>de thé à la main, s'approche, navette vivante qui porte d'un groupe<br/>à l'autre le fil argenté de la causerie générale, recueillant les avis,<br/>demandant les opinions, posant des problèmes, et forçant de temps<br/>en temps chaque coterie de jeter son mot dans ce tonneau des<br/>Danaïdes qu'on appelle la conversation ?