Au d&eacute;but du r&egrave;gne de Louis XVIII, Edmond Dant&egrave;s, marin, est accus&eacute; &agrave; tort de bonapartisme et enferm&eacute; dans la prison d&rsquo;If, sur l&rsquo;&icirc;le du m&ecirc;me nom, au large de Marseille. Apr&egrave;s 14 ann&eacute;es il r&eacute;ussit &agrave; s&rsquo;&eacute;chapper, et s&rsquo;empare du tr&eacute;sor de l&rsquo;&icirc;le de Monte-Cristo, qui lui a &eacute;t&eacute; r&eacute;v&eacute;l&eacute; par un compagnon de captivit&eacute; (l&rsquo;abb&eacute; Faria). Devenu riche et puissant, il entreprend, sous le nom de comte de Monte-Cristo, de se venger de ses ennemis, qui l&rsquo;ont accus&eacute; ou ont b&eacute;n&eacute;fici&eacute; directement de son incarc&eacute;ration pour s&rsquo;&eacute;lever dans la soci&eacute;t&eacute; : le comte de Morcerf (alias Fernand Mondego, son rival en amour), le banquier Danglars (qui a r&eacute;dig&eacute; la d&eacute;nonciation), le procureur du Roi de Villefort (qui l&rsquo;a envoy&eacute; en prison bien que le sachant innocent).|Wilip&eacute;dia|<br /><br />Extrait<br />| |58| M. Noirtier De Villefort.<br />Voici ce qui s&rsquo;&eacute;tait pass&eacute; dans la maison du procureur du roi apr&egrave;s le d&eacute;part de madame Danglars et de sa fille, et pendant la conversation que nous venons de rapporter.<br />M. de Villefort &eacute;tait entr&eacute; chez son p&egrave;re, suivi de madame de Villefort&nbsp;; quant &agrave; Valentine, nous savons o&ugrave; elle &eacute;tait.<br />Tous deux, apr&egrave;s avoir salu&eacute; le vieillard, apr&egrave;s avoir cong&eacute;di&eacute; Barrois, vieux domestique depuis plus de vingt-cinq ans &agrave; son service, avaient pris place &agrave; ses c&ocirc;t&eacute;s.<br />M. Noirtier, assis dans son grand fauteuil &agrave; roulettes, o&ugrave; on le pla&ccedil;ait le matin et d&rsquo;o&ugrave; on le tirait le soir, assis devant une glace qui r&eacute;fl&eacute;chissait tout l&rsquo;appartement et lui permettait de voir, sans m&ecirc;me tenter un mouvement devenu impossible, qui entrait dans sa chambre, qui en sortait, et ce qu&rsquo;on faisait tout autour de lui&nbsp;; M. Noirtier, immobile comme un cadavre, regardait avec des yeux intelligents et vifs ses enfants, dont la c&eacute;r&eacute;monieuse r&eacute;f&eacute;rence lui annon&ccedil;ait quelque d&eacute;marche officielle inattendue.<br />La vue et l&rsquo;ou&iuml;e &eacute;taient les deux seuls sens qui animassent encore, comme deux &eacute;tincelles, cette mati&egrave;re humaine d&eacute;j&agrave; aux trois quarts fa&ccedil;onn&eacute;e pour la tombe&nbsp;; encore, de ces deux sens, un seul pouvait-il r&eacute;v&eacute;ler au dehors la vie int&eacute;rieure qui animait la statue&nbsp;: et le regard qui d&eacute;non&ccedil;ait cette vie int&eacute;rieure &eacute;tait semblable &agrave; une de ces lumi&egrave;res lointaines qui, durant la nuit, apprennent au voyageur perdu dans un d&eacute;sert qu&rsquo;il y a encore un &ecirc;tre existant qui veille dans ce silence et cette obscurit&eacute;.<br />Aussi, dans cet &oelig;il noir du vieux Noirtier, surmont&eacute; d&rsquo;un sourcil noir, tandis que toute la chevelure, qu&rsquo;il portait longue et pendante sur les &eacute;paules, &eacute;tait blanche&nbsp;; dans cet &oelig;il, comme cela arrive pour tout organe de l&rsquo;homme exerc&eacute; aux d&eacute;pens des autres organes, s&rsquo;&eacute;taient concentr&eacute;es toute l&rsquo;activit&eacute;, toute l&rsquo;adresse, toute la force, toute l&rsquo;intelligence r&eacute;pandues autrefois dans ce corps et dans cet esprit...|