Après la succession dans le temps des épreuves sans bilan, des crises sans leçon, des tentatives sans accomplissement, il nous apparaît que nous autres ne pouvons pas grand chose aujourd’hui pour contrer les flots obscurs de l’époque, les armées vouées à la destruction du monde, les illusions des masses et de leurs élites aliénées, mais que, par contre, nous pouvons créer, de façon artisanale, au cœur-même de la confusion, les points d’ancrage d’une pensée future ; une pensée qui sera finalement produite par l’une ou l’autre des générations d’Algériens qui se succéderont à l’avenir. Une pensée utile à la société algérienne parce qu’elle lui permettra de sortir du doute et du désarroi, de combattre les archaïsmes, l’ignorance et l’aliénation, de remettre en question la fatalité de la domination, d’exercer sa volonté et de maîtriser son destin. Une pensée nécessaire parce que sans elle, sans l’inspiration et le sens qu’elle donne aux actions et aux comportements, la société ne peut qu’errer, prolonger son errance, répéter ses erreurs, sans que le temps qui passe de génération en génération n’y puisse rien. Car l’histoire n’avance que par la connaissance au profit exclusif de ceux qui en ont la maîtrise. Ce n’est qu’avec la connaissance que l’on peut inventer et produire les moyens de survivre, de vivre, de créer, de lutter, de refuser le sort assigné aux faibles et aux dominés.<br><br><br>À PROPOS DE L'AUTEUR<br><br><br><b>Amin Khan</b>, né le 18 octobre 1956 à Alger, est un poète algérien contemporain de langue française. Il suit des études de philosophie, d’économie et de sciences politiques à Alger, Oxford et Paris. Il publie sous le nom d’« Amine » ses premiers recueils à Alger en 1980 et 1982. En 1984 il fait partie des poètes réunis par Tahar Djaout dans son anthologie Les Mots migrateurs. Il est plus tard fonctionnaire international à l’UNESCO.<br>