L&rsquo;Amour est plus fort que la Mort, a dit Salomon: oui, son myst&eacute;rieux pouvoir est illimit&eacute;.<br />C&rsquo;&eacute;tait &agrave; la tomb&eacute;e d&rsquo;un soir d&rsquo;automne, en ces derni&egrave;res ann&eacute;es, &agrave; Paris. Vers le sombre faubourg Saint-Germain, des voitures, allum&eacute;es d&eacute;j&agrave;, roulaient, attard&eacute;es, apr&egrave;s l&rsquo;heure du Bois. L&rsquo;une d&rsquo;elles s&rsquo;arr&ecirc;ta devant le portail d&rsquo;un vaste h&ocirc;tel seigneurial, entour&eacute; de jardins s&eacute;culaires; le cintre &eacute;tait surmont&eacute; de l&rsquo;&eacute;cusson de pierre, aux armes de l&rsquo;antique famille des comtes d&rsquo;Athol, savoir: d&rsquo;azur, &agrave; l&rsquo;&eacute;toile ab&icirc;m&eacute;e d&rsquo;argent, avec la devise &laquo;Pallida Victrix&raquo;, sous la couronne retrouss&eacute;e d&rsquo;hermine au bonnet princier. Les lourds battants s&rsquo;&eacute;cart&egrave;rent. Un homme de trente &agrave; trente-cinq ans, en deuil, au visage mortellement p&acirc;le, descendit. Sur le perron, de taciturnes serviteurs &eacute;levaient des flambeaux. Sans les voir, il gravit les marches et entra. C&rsquo;&eacute;tait le comte d&rsquo;Athol.<br />Chancelant, il monta les blancs escaliers qui conduisaient &agrave; cette chambre o&ugrave;, le matin m&ecirc;me, il avait couch&eacute; dans un cercueil de velours et envelopp&eacute; de violettes, en des flots de batiste, sa dame de volupt&eacute;, sa p&acirc;lissante &eacute;pous&eacute;e, V&eacute;ra, son d&eacute;sespoir.