Les Chants de Maldoror est un ouvrage po&eacute;tique en prose de 1869, compos&eacute; de six parties nomm&eacute;es &laquo; chants &raquo;. Il s&rsquo;agit de la premi&egrave;re des trois &oelig;uvres de l&rsquo;auteur Isidore Ducasse plus connu sous le pseudonyme de Comte de Lautr&eacute;amont. Le livre ne raconte pas une histoire unique et coh&eacute;rente, mais est constitu&eacute; d&rsquo;une suite d&rsquo;&eacute;pisodes dont le seul fil conducteur est la pr&eacute;sence de Maldoror, un personnage myst&eacute;rieux et mal&eacute;fique.<br /><br />Extrait<br />| CHANT PREMIER<br />Pl&ucirc;t au ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentan&eacute;ment f&eacute;roce comme ce qu&rsquo;il lit, trouve, sans se d&eacute;sorienter, son chemin abrupt et sauvage, &agrave; travers les mar&eacute;cages d&eacute;sol&eacute;s de ces pages sombres et pleines de poison&nbsp;; car, &agrave; moins qu&rsquo;il n&rsquo;apporte dans sa lecture une logique rigoureuse et une tension d&rsquo;esprit &eacute;gale au moins &agrave; sa d&eacute;fiance, les &eacute;manations mortelles de ce livre imbiberont son &acirc;me comme l&rsquo;eau le sucre. Il n&rsquo;est pas bon que tout le monde lise les pages qui vont suivre&nbsp;; quelques-uns seuls savoureront ce fruit amer sans danger. Par cons&eacute;quent, &acirc;me timide, avant de p&eacute;n&eacute;trer plus loin dans de pareilles landes inexplor&eacute;es, dirige tes talons en arri&egrave;re et non en avant. &Eacute;coute bien ce que je te dis&nbsp;: dirige tes talons en arri&egrave;re et non en avant, comme les yeux d&rsquo;un fils qui se d&eacute;tourne respectueusement de la contemplation auguste de la face maternelle...|<br /><br />&nbsp;