Extrait<br />| I<br />Le soleil s&rsquo;abaissait sur les sommets qu&rsquo;il teintait de pourpre p&acirc;le, l&rsquo;ombre envahissait la vall&eacute;e et venait rafra&icirc;chir la petite ville br&ucirc;l&eacute;e tout le jour par un ardent soleil de fin d&rsquo;ao&ucirc;t.<br />Dans son cabinet de travail assombri par les volets clos, M. des Landies, le substitut du procureur de la R&eacute;publique de Vir&egrave;nes, venait d&rsquo;achever sa t&acirc;che du jour. Avec un soupir de soulagement, il se levait en essuyant son front mouill&eacute;. Cela fait, il alla vers la fen&ecirc;tre, ouvrit les volets et se pencha au dehors. Devant lui s&rsquo;&eacute;tendait un jardin extr&ecirc;mement ombreux. Non loin de la maison &eacute;tait assise une jeune femme brune et fine, qui cousait activement, non sans jeter de fr&eacute;quents regards sur le tout petit b&eacute;b&eacute; endormi pr&egrave;s d&rsquo;elle dans un berceau d&rsquo;osier... Elle leva vivement les yeux au bruit des volets frappant le mur.<br />&ndash;&nbsp;Ah&nbsp;! tu as fini, Lucien&nbsp;! Viens vite ici, il fait d&eacute;licieux. Veux-tu une limonade&nbsp;?<br />&ndash;&nbsp;Je ne refuse pas, ma petite Madeleine. Mais je croyais que Mme de Vaulan devait venir passer l&rsquo;apr&egrave;s-midi avec toi&nbsp;?<br />&ndash;&nbsp;En effet, et je me demande ce qui a pu l&rsquo;en emp&ecirc;cher. Elle n&rsquo;a pas mis les pieds dans son jardin aujourd&rsquo;hui.<br />En disant ces mots, Mme des Landies se levait et jetait les yeux vers l&rsquo;enclos voisin, s&eacute;par&eacute; du sien seulement par une haie au milieu de laquelle avait &eacute;t&eacute; dispos&eacute;e une barri&egrave;re.<br />Elle eut une exclamation de plaisir en voyant appara&icirc;tre, au seuil de la petite maison blanche, s&oelig;ur jumelle de celle du substitut, une grande jeune femme blonde, s&eacute;v&egrave;rement v&ecirc;tue de noir, qui tenait par la main un tout petit gar&ccedil;on aux longues boucles d&rsquo;or et au teint ros&eacute;.<br />&ndash;&nbsp;Enfin, ch&egrave;re madame&nbsp;! Je n&rsquo;osais plus esp&eacute;rer vous voir aujourd&rsquo;hui.<br />Tout en parlant, elle s&rsquo;avan&ccedil;ait et ouvrait la barri&egrave;re. Mme de Vaulan lui tendit une main un peu br&ucirc;lante et f&eacute;brile.<br />&ndash;&nbsp;Pardonnez-moi de n&rsquo;&ecirc;tre pas venue vous pr&eacute;venir. Je ne sais &agrave; quoi j&rsquo;ai pens&eacute;, vraiment...|