Extrait<br />| I<br />Ce matin de juin, une amazone et deux cavaliers parcouraient au petit trot la route large, bien entretenue, bord&eacute;e de vieux arbres, qui conduisait aux forges de Rivalles et &agrave; la superbe r&eacute;sidence d&eacute;sign&eacute;e dans le pays sous le nom de &laquo;&nbsp;Ch&acirc;teau Rose&nbsp;&raquo;. L&rsquo;amazone &eacute;tait jeune, tr&egrave;s blonde et d&rsquo;une incontestable beaut&eacute;. Les yeux d&rsquo;un bleu vif avaient beaucoup d&rsquo;&eacute;clat et la fra&icirc;cheur du teint pouvait soutenir toutes les comparaisons. Elle montait fort bien, avec beaucoup d&rsquo;aisance. Son compagnon de gauche fit remarquer&nbsp;:<br />&ndash;&nbsp;Vous devenez une excellente &eacute;cuy&egrave;re, Florine.<br />Celui-l&agrave; &eacute;tait le directeur des forges, Flavien Parceuil. Bien qu&rsquo;il e&ucirc;t d&eacute;pass&eacute; largement la soixantaine, il restait d&rsquo;allure encore jeune et, visiblement, &eacute;tait plein d&rsquo;activit&eacute;. Une barbe grise tr&egrave;s soign&eacute;e terminait son visage long et p&acirc;le, creus&eacute; de petites rides. La bouche avait un pli dur, et les yeux se cachaient fr&eacute;quemment sous de molles paupi&egrave;res fl&eacute;tries par l&rsquo;&acirc;ge.<br />Le second cavalier n&rsquo;&eacute;tait autre que Christian Debrennes, vicomte de Tarlay, ma&icirc;tre et seigneur non seulement des importantes forges de Rivalles et du Ch&acirc;teau Rose, mais encore d&rsquo;une grande partie du pays, fort loin &agrave; la ronde.<br />Le beau Tarlay, comme on l&rsquo;appelait &agrave; Paris et dans tous les endroits &agrave; la mode. Il venait d&rsquo;atteindre ses vingt-trois ans. Cinq ans auparavant, en 1870, il s&rsquo;&eacute;tait engag&eacute;, avait combattu avec une ardente bravoure. Puis, la guerre finie, il avait repris ses &eacute;tudes, qu&rsquo;il menait brillamment, la nature l&rsquo;ayant dou&eacute; d&rsquo;une rare intelligence et d&rsquo;une extr&ecirc;me facilit&eacute;, il commen&ccedil;ait alors de s&rsquo;occuper des forges dont son p&egrave;re, toujours malade, laissait la direction &agrave; Parceuil, leur parent &eacute;loign&eacute;. Mais bient&ocirc;t, le jeune homme n&rsquo;avait plus gu&egrave;re song&eacute; qu&rsquo;&agrave; l&rsquo;existence mondaine qui lui r&eacute;servait des succ&egrave;s bien faits pour flatter son orgueil. Adul&eacute; chez lui et au dehors, disposant d&rsquo;une fortune presque sans limites, puisque chaque ann&eacute;e les forges prenaient plus d&rsquo;importance, il &eacute;tait devenu le plus parfait &eacute;go&iuml;ste du monde, n&rsquo;ayant souci que de satisfaire sa volont&eacute; fantasque et ses d&eacute;sirs imp&eacute;rieux...|