Extrait<br />| I<br />&ndash;&nbsp;Tap&nbsp;!... Tap&nbsp;!...<br />Dans le silence du bois, ma voix r&eacute;sonnait avec une intensit&eacute; particuli&egrave;re. On devait certainement l&rsquo;entendre jusqu&rsquo;&agrave; la Mailleraye. Mais seul un petit &eacute;cho ironique semblait se soucier de mon appel. Tap, mon compagnon fid&egrave;le, y demeurait sourd.<br />&laquo;&nbsp;Je lui donnerai une correction quand il reviendra&nbsp;!&nbsp;&raquo; pensai-je, saisie de col&egrave;re, car pareil fait n&rsquo;&eacute;tait pas habituel chez ce brave chien recueilli par moi trois ans auparavant sur la grand-route o&ugrave; il gisait, une patte coup&eacute;e par un de ces horribles engins de mort que l&rsquo;on nomme automobiles, et soign&eacute; avec tant de sollicitude qu&rsquo;il marchait de nouveau, au bout de peu de temps &ndash; sur trois pattes, cette fois.<br />J&rsquo;aimais beaucoup Tap, mais d&rsquo;une affection tyrannique et quelque peu autoritaire. Le bon chien le savait sans doute, car il me suivait comme mon ombre, et, quand je m&rsquo;arr&ecirc;tais, se couchait &agrave; mes pieds sans me quitter des yeux.<br />Mais aujourd&rsquo;hui Tap &eacute;tait infid&egrave;le... Et sa peu patiente jeune ma&icirc;tresse en ressentait une v&eacute;ritable col&egrave;re.<br />&Agrave; travers le feuillage des ch&acirc;taigniers, le soleil se glissait et s&rsquo;&eacute;pandait sur le sol herbeux en longues coul&eacute;es lumineuses. &Agrave; mesure que j&rsquo;avan&ccedil;ais, le sentier s&rsquo;&eacute;largissait, les arbres se clairsemaient, l&rsquo;herbe que foulaient mes vieux souliers attach&eacute;s par des lacets verdis se faisait plus drue.<br />Et, tout &agrave; coup, apparut la Luzette. Elle coulait tr&egrave;s paisible, entre deux rives gazonn&eacute;es. Un peu plus haut, elle &eacute;tait un petit torrent, elle le redevenait &agrave; quelque cent m&egrave;tres en aval&nbsp;; mais ici, elle se donnait le plaisir du repos, en refl&eacute;tant dans ses eaux claires les beaux ch&acirc;taigniers qui se dressaient sur ses bords.<br />D&rsquo;un mouvement souple, je me laissai glisser &agrave; terre et m&rsquo;&eacute;tendis de tout mon long, les coudes dans l&rsquo;herbe, les mains sous le menton. C&rsquo;&eacute;tait ma position favorite lorsque je me trouvais en pr&eacute;sence de la Luzette &ndash; mon amie la Luzette&nbsp;!..|