Au dessus de la ville est un roman d&#39;Edmond Jaloux publi&eacute; en 1927I<br />Pr&eacute;sentation<br />Extrait<br />| I<br />Jusqu&rsquo;au coucher du soleil, Armand Vautier ne prenait, en somme, qu&rsquo;une bien faible conscience de sa vie. Il se d&eacute;battait tout le jour au milieu des soins et des rem&egrave;des et n&rsquo;appartenait qu&rsquo;aux prescriptions de ses m&eacute;decins. Mais quand il &eacute;tait couch&eacute; et qu&rsquo;il s&rsquo;enfon&ccedil;ait avec d&eacute;lectation dans les draps froids, sa s&oelig;ur Constance entrait dans sa chambre et lui faisait la lecture. La fi&egrave;vre, qui s&rsquo;allumait alors doucement en lui, donnait en m&ecirc;me temps du vague et un certain relief fantastique aux pages qu&rsquo;il &eacute;coutait. Celles qu&rsquo;il pr&eacute;f&eacute;rait relevaient d&rsquo;ailleurs des mondes imaginaires. La voix de Constance avait une cadence qui le ber&ccedil;ait, et les propres inventions de son cerveau glissaient sur les mots qu&rsquo;il entendait, comme l&rsquo;a&eacute;roplane sur le sol avant de s&rsquo;&eacute;lever. Machinalement, cela l&rsquo;incitait &agrave; faire des projets d&rsquo;avenir, bien que cet avenir lui f&ucirc;t mesur&eacute;. M&ecirc;me par un raffinement de perversit&eacute;, il s&rsquo;attribuait moins de mois &agrave; vivre que l&rsquo;&eacute;tat de son mal et la simple logique ne lui en donnaient &agrave; premi&egrave;re vue. Mais il e&ucirc;t &eacute;t&eacute; f&acirc;ch&eacute; que sa s&oelig;ur montr&acirc;t l&agrave;-dessus un optimisme qui n&rsquo;&eacute;tait pas le sien. De mois en mois, &agrave; mesure que ses forces d&eacute;clinaient, il avait fait de sa vie, &agrave; la mani&egrave;re des malades, une sorte de religion&nbsp;; tous les actes y avaient la solennit&eacute; et l&rsquo;inflexible retour des rites pieux, et sur chaque sujet un dogme &eacute;tait &eacute;tabli. Sa mort prochaine &eacute;tait un de ces dogmes, comme sa conviction qu&rsquo;il ne retenait en rien sa s&oelig;ur aupr&egrave;s de lui, qu&rsquo;elle demeurait libre, enti&egrave;rement libre, d&rsquo;aller et de venir, comme l&rsquo;id&eacute;e qu&rsquo;il n&rsquo;avait, en tant que po&egrave;te, qu&rsquo;un m&eacute;diocre talent et que c&rsquo;&eacute;tait une conspiration affectueuse mais inutile, de ses amis, qui tendait &agrave; cr&eacute;er autour de lui la l&eacute;gende, sinon d&rsquo;un g&eacute;nie, du moins d&rsquo;un grand &eacute;crivain, original et personnel en tout. ...|