Prenez une carte d&rsquo;Am&eacute;rique, &Eacute;tats-Unis. Cherchez l&rsquo;&Eacute;tat de Maryland ; vous trouverez, pr&egrave;s d&rsquo;Easton, comt&eacute; de Talbot, un petit district maigrement peupl&eacute;, lequel n&rsquo;a de remarquable que l&rsquo;aridit&eacute; de son sol, la d&eacute;gradation de ses fermes, la ruine de ses cl&ocirc;tures, la noblesse de ses habitants, leur indigence, et la fi&egrave;vre &agrave; perp&eacute;tuit&eacute;.<br />C&rsquo;est l&agrave;, dans ce plat territoire bord&eacute; par le Choptank, la plus paresseuse comme la plus fangeuse des rivi&egrave;res ; entour&eacute; d&rsquo;une population blanche toujours oisive et constamment ivre ; au milieu de n&egrave;gres esclaves en parfaite harmonie avec ce bas niveau ; c&rsquo;est l&agrave; que, sans qu&rsquo;il y e&ucirc;t de ma faute, je vis le jour.<br />De ma famille je n&rsquo;ai rien, ou presque rien &agrave; dire. L&rsquo;arbre g&eacute;n&eacute;alogique ne pousse pas sur terre esclave.<br />Un p&egrave;re ! la chose, pour l&rsquo;esclave, n&rsquo;existe ni dans l&rsquo;ordre des faits, ni dans celui des lois. Mon &acirc;ge ! difficile &agrave; fixer. Je n&rsquo;ai jamais rencontr&eacute; un esclave qui p&ucirc;t me dire le sien. Toute recherche, toute question sur ce sujet, &eacute;tait regard&eacute;e par les ma&icirc;tres comme une indiscr&egrave;te curiosit&eacute;. Faute de conna&icirc;tre les mois de l&rsquo;ann&eacute;e ou les jours du mois, les noirs comptaient par saisons et par r&eacute;coltes. Mes calculs, n&eacute;anmoins, bas&eacute;s sur certains &eacute;v&eacute;nements dont j&rsquo;ai d&egrave;s lors appris la date, font remonter ma naissance &agrave; f&eacute;vrier 1817