Quand Milon-Lauenbourg donna cette f&ecirc;te dans son nouvel h&ocirc;tel du bois de Boulogne, il &eacute;tait &agrave; l&rsquo;apog&eacute;e de sa puissance. Nomm&eacute; ministre du Tr&eacute;sor depuis huit jours par un gouvernement aux abois, il semblait qu&rsquo;il n&rsquo;y e&ucirc;t plus d&rsquo;espoir qu&rsquo;en lui.<br />On avait tout essay&eacute; pour sortir d&rsquo;une situation au bout de laquelle on apercevait le gouffre.<br />Les emprunts ne rendant plus rien, on avait d&ucirc; y renoncer : la derni&egrave;re inflation avait &eacute;t&eacute; un d&eacute;sastre.<br />L&rsquo;imp&ocirc;t sur le capital avec le produit duquel on devait remplir la caisse d&rsquo;amortissement n&rsquo;avait servi, en d&eacute;pit des pr&eacute;cautions prises, qu&rsquo;&agrave; boucher quelques trous du budget car l&rsquo;&eacute;v&eacute;nement avait prouv&eacute; l&rsquo;inanit&eacute; de la conception d&rsquo;une caisse nationale <i>ind&eacute;pendante </i>qui f&ucirc;t pleine pendant que celle de l&rsquo;&Eacute;tat &eacute;tait vide.<br />Le commerce, l&rsquo;industrie ne se sauvaient d&rsquo;un imp&ocirc;t mortel qu&rsquo;en fraudant le fisc gr&acirc;ce aux pires complaisances parlementaires.<br />Les ruines s&rsquo;accumulaient sur lesquelles, du jour au lendemain, s&rsquo;&eacute;difiaient de prodigieuses fortunes. Une horde d&rsquo;agioteurs &eacute;tait ma&icirc;tresse du pays. Le co&ucirc;t de la vie prenait des proportions effrayantes.