Sans famille est un roman fran&ccedil;ais d&rsquo;Hector Malot, paru en 1878 &agrave; Paris.<br />L&rsquo;histoire se situe au XIXe si&egrave;cle. Un enfant abandonn&eacute;, R&eacute;mi, est vendu par ses parents adoptifs &agrave; un saltimbanque. Parcourant les routes fran&ccedil;aises et anglaises, l&rsquo;enfant exerce diff&eacute;rents m&eacute;tiers avant de d&eacute;couvrir le secret de ses origines.|Wikip&eacute;dia|<br /><br />Extrait<br />| I<br />AU VILLAGE<br />Je suis un enfant trouv&eacute;.<br />Mais jusqu&rsquo;&agrave; huit ans j&rsquo;ai cru que, comme tous les autres enfants, j&rsquo;avais une m&egrave;re, car lorsque je pleurais, il y avait une femme qui me serrait si doucement dans ses bras, en me ber&ccedil;ant, que mes larmes s&rsquo;arr&ecirc;taient de couler.<br />Jamais je ne me couchais dans mon lit, sans qu&rsquo;une femme v&icirc;nt m&rsquo;embrasser, et, quand le vent de d&eacute;cembre collait la neige contre les vitres blanchies, elle me prenait les pieds entre ses deux mains et elle restait &agrave; me les r&eacute;chauffer en me chantant une chanson, dont je retrouve encore dans ma m&eacute;moire l&rsquo;air et quelques paroles.<br />Quand je gardais notre vache le long des chemins herbus ou dans les brandes, et que j&rsquo;&eacute;tais surpris par une pluie d&rsquo;orage, elle accourait au-devant de moi et me for&ccedil;ait &agrave; m&rsquo;abriter sous son jupon de laine relev&eacute; qu&rsquo;elle me ramenait sur la t&ecirc;te et sur les &eacute;paules.<br />Enfin quand j&rsquo;avais une querelle avec un de mes camarades, elle me faisait conter mes chagrins, et presque toujours elle trouvait de bonnes paroles pour me consoler ou me donner raison.<br />Par tout cela et par bien d&rsquo;autres choses encore, par la fa&ccedil;on dont elle me parlait, par la fa&ccedil;on dont elle me regardait, par ses caresses, par la douceur qu&rsquo;elle mettait dans ses gronderies, je croyais qu&rsquo;elle &eacute;tait ma m&egrave;re.<br />Voici comment j&rsquo;appris qu&rsquo;elle n&rsquo;&eacute;tait que ma nourrice.<br />Mon village, ou pour parler plus justement, le village o&ugrave; j&rsquo;ai &eacute;t&eacute; &eacute;lev&eacute;, car je n&rsquo;ai pas eu de village &agrave; moi, pas de lieu de naissance, pas plus que je n&rsquo;ai eu de p&egrave;re et de m&egrave;re, le village enfin o&ugrave; j&rsquo;ai pass&eacute; mon enfance se nomme Chavanon&nbsp;; c&rsquo;est l&rsquo;un des plus pauvres du centre de la France...|