Si de toi, jadis, il n&rsquo;y a pas longtemps encore, j&rsquo;ai pu m&eacute;dire, que je le regrette ! Mais je sais que tu me le pardonnes, toi qui jamais n&rsquo;as dit &laquo; un mot plus haut que l&rsquo;autre, &raquo; toi, le doux, le pacifique qui te r&eacute;servais tes derni&egrave;res ann&eacute;es de souffrances muettes, et ta derni&egrave;re heure avec ton cri :<br />&mdash; Mon Dieu, je vous donne ma vie pour qu&rsquo;Henri devienne bon !<br />Tu me posais des questions, auxquelles je ne r&eacute;pondais que par monosyllabes, sur ma vie, mes occupations, mes repas. Tu n&rsquo;as jamais su combien j&rsquo;&eacute;tais &eacute;mu, &agrave; voir les efforts que tu faisais pour me montrer que tu t&rsquo;int&eacute;ressais &agrave; mon travail. Mais vivre &agrave; Paris nous rend autres que nous ne sommes : nous en venons avec ce que nous croyons &ecirc;tre des id&eacute;es sur notre sup&eacute;riorit&eacute; intellectuelle et morale. C&rsquo;&eacute;tait plus fort que moi : je ne pouvais te donner ces d&eacute;tails qui t&rsquo;auraient fait si grand plaisir. Et tu es parti &mdash; qu&rsquo;il en est souvent ainsi ! &mdash; sans me bien conna&icirc;tre, sans savoir ce qu&rsquo;il y avait au fond de moi-m&ecirc;me, puisque tu as demand&eacute; que je devienne bon. Mais ce n&rsquo;est pas du tout ta faute.