La fourmili&egrave;re est couverte de soldats qui brandissent au soleil leurs mandibules brillantes et ac&eacute;r&eacute;es. C&rsquo;est un va-et-vient indescriptible... Quelle belle m&ecirc;l&eacute;e!... Quel beau d&eacute;part! Vive la guerre!...<br />Nous sommes au moins trois cents, tous anim&eacute;s du plus grand courage! Hourra!! Vive la guerre! au carnage!... au butin!!...<br />Mais il est temps de nous mettre en marche. Amis, &agrave; nos rangs! Taratantara!!...<br />Et l&rsquo;arm&eacute;e se rassemble sur quinze, vingt de front; elle descend comme un fleuve qui s&rsquo;&eacute;panche, elle quitte le monticule qui forme notre demeure et s&rsquo;&eacute;tend dans la plaine... La plaine, c&rsquo;est un sentier form&eacute; par les hommes et qui passe &agrave; c&ocirc;t&eacute;, en dessous de notre nid. Mais nous n&rsquo;avons &nbsp;pas fait dix pas sur le chemin de la guerre, que nous rencontrons des &eacute;claireurs qui ont reconnu le chemin et nous guident vers l&rsquo;ennemi.<br />&mdash;Quel ennemi? me direz-vous.<br />&mdash;Quel ennemi? D&rsquo;autres fourmis. Ne nous faut-il pas des esclaves? Sommes-nous donc destin&eacute;es &agrave; tailler le bois, la pierre, &agrave; g&acirc;cher le mortier et donner &agrave; teter aux enfants? Nous, des guerriers de naissance!... Dieu, vous dis-je, ne l&rsquo;a pas voulu. Voyez, il nous a gratifi&eacute;es de m&acirc;choires sp&eacute;ciales pour le combat. La longueur et l&rsquo;acuit&eacute; de nos mandibules en font des armes et non des outils. Vive la guerre!...