J&rsquo;avais quitt&eacute; A&iuml;n-Sefra l&rsquo;an dernier aux souffles de l&rsquo;hiver. Elle &eacute;tait transie de froid, et de grands vents glapissants la balayaient, courbant la nudit&eacute; fr&ecirc;le des arbres. Je la revois aujourd&rsquo;hui tout autre, redevenue elle-m&ecirc;me, dans le rayonnement morne de l&rsquo;&eacute;t&eacute; : tr&egrave;s saharienne, tr&egrave;s somnolente, avec son ksar fauve au pied de la dune en or, avec ses koubba saintes et ses jardins bleu&acirc;tres.<br />C&rsquo;est bien la petite capitale de l&rsquo;Oranie d&eacute;sertique, esseul&eacute;e dans sa vall&eacute;e de sable, entre l&rsquo;immensit&eacute; monotone des Hauts-Plateaux et la fournaise du Sud.<br />Elle m&rsquo;avait sembl&eacute; morose, sans charme, parce que la magie du soleil ne l&rsquo;enveloppait pas de l&rsquo;atmosph&egrave;re lumineuse qui est tout le luxe des villes d&rsquo;Afrique. Et maintenant que j&rsquo;y vis en un petit logis provisoire, je commence &agrave; l&rsquo;aimer. D&rsquo;ailleurs, je ne la quitterai plus pour un maussade retour vers le Tell banalis&eacute;, et cela suffit pour que je la regarde avec d&rsquo;autres yeux. Quand je partirai, ce ne sera que pour descendre plus loin, pour m&rsquo;en aller l&agrave;-bas, vers le grand Sud, o&ugrave; dorment les &laquo; hamada &raquo; sous l&rsquo;&eacute;ternel soleil.