En règle générale, Spargo quittait le bureau du gardien à deux heures. Le journal était ensuite passé sous presse. Il n'y avait rien pour lui, récemment promu à une sous-rédaction, à faire après avoir passé la colonne dont il était responsable; en fait, il aurait pu rentrer chez lui avant que les machines ne commencent leur cliquetis. Mais en général, il traînait, insignifiant, jusqu'à deux heures. A cette occasion, le matin du 22 juin 1912, il s'arrêta plus longtemps que d'habitude, causant avec Hacket, qui avait la charge des nouvelles étrangères, et qui commença à lui parler d'un télégramme qui venait de passer de Durazzo. Ce que Hacket avait à raconter était intéressant: Spargo s'est attardé pour tout entendre et pour en discuter. Au total, il était bien au-delà de deux heures et demie quand il sortit du bureau, soufflant inconsciemment loin de lui alors qu'il atteignait le seuil le dernier souffle de l'atmosphère dans laquelle il avait passé son minuit. Dans Fleet Street, l'air était frais, presque à la douceur, et le premier gris de l'aube à venir se brisait faiblement autour du haut silence de Saint-Paul.