Jeanne Loiseau, est une femme de lettres fran&ccedil;aise, connue sous le nom de plume de Daniel Lesueur.<br />Extrait<br />| Chapitre&nbsp;I<br />Rien n&rsquo;a plus de charme qu&rsquo;un tr&egrave;s joli matin d&rsquo;avril, sur le Boulevard, &agrave; Paris, entre la Madeleine et l&rsquo;Op&eacute;ra.<br />Le printemps, avec ses rayons, ses frissons et ses sourires, exerce partout sa puissance, mais il est des endroits qui, mieux que d&rsquo;autres, savent lui faire f&ecirc;te. L&rsquo;&eacute;norme capitale, parmi les brutalit&eacute;s et les frivolit&eacute;s de son ardente vie, exprime avec des d&eacute;licatesses p&eacute;n&eacute;trantes la fugitive po&eacute;sie des saisons. En son quartier le plus tapageusement mondain, la gr&acirc;ce attendrie du renouveau emplit les &acirc;mes et les yeux d&rsquo;une d&eacute;licieuse langueur.<br />On s&rsquo;en apercevait, &agrave; cet instant matinal et d&rsquo;une exceptionnelle beaut&eacute;, durant lequel Maxime Dulaure atteignait, de sa marche lente et ferme, l&rsquo;angle du Caf&eacute; de la Paix.<br />La vaste place, les grandes voies qui y aboutissent, le lourd et somptueux Op&eacute;ra, resplendissaient d&rsquo;une fine clart&eacute; rose. Dans l&rsquo;air caressant et lumineux, les voitures de ma&icirc;tre, les modestes fiacres, et m&ecirc;me les pesants omnibus &agrave; trois chevaux, circulaient all&egrave;grement, presque sans bruit sur le pav&eacute; de bois, faisant p&eacute;tiller, sous le doux soleil un peu voil&eacute;, des myriades d&rsquo;&eacute;tincelles arrach&eacute;es &agrave; l&rsquo;acier des mors et des gourmettes. Peu de coup&eacute;s ou de landaus&nbsp;; les victorias reprenaient possession de la chauss&eacute;e.<br />Contre la fa&ccedil;ade du Caf&eacute; de la Paix, dans les angles des renfoncements, des familles d&rsquo;&eacute;trangers, sorties du Grand H&ocirc;tel, prenaient en plein air leur caf&eacute; ou leur chocolat du matin. Des young ladies blondes, au visage de keepsake, au teint d&rsquo;une fra&icirc;cheur invraisemblable, regardaient de leurs grands yeux, &agrave; la fois innocents et hardis, ces jeunes hommes parisiens qui ralentissaient leur marche en passant aupr&egrave;s d&rsquo;elles.<br />Des officiers s&rsquo;asseyaient en riant, avec de grands bruits de sabre, ne r&eacute;sistant pas au d&eacute;sir de s&rsquo;attarder dans ce ravissant d&eacute;cor, de regarder aller et venir les femmes, qui, toutes, portaient &eacute;panouie dans les yeux et sur les l&egrave;vres, une folle floraison printani&egrave;re de coquets sourires et de provocants coups d&rsquo;&oelig;il...|<br /><br />&nbsp;