Cet homme &eacute;tait seul dans la nuit. Il passait comme un loup entre les blocs de glace entass&eacute;s par les froids d&rsquo;un long hiver. Son pantalon doubl&eacute;, son &laquo;&nbsp;khalot&nbsp;&raquo;, sorte de cafetan rugueux, en poil de vache, sa casquette &agrave; oreillettes rabattues, ne le d&eacute;fendaient qu&rsquo;imparfaitement des atteintes de l&rsquo;&acirc;pre bise. De douloureuses ger&ccedil;ures fendaient ses l&egrave;vres et ses mains. La pince de l&rsquo;ongl&eacute;e lui serrait l&rsquo;extr&eacute;mit&eacute; des doigts. Il allait &agrave; travers une obscurit&eacute; profonde, sous un ciel bas dont les nuages mena&ccedil;aient de se r&eacute;soudre en neige, bien que l&rsquo;on f&ucirc;t d&eacute;j&agrave; aux premiers jours d&rsquo;avril, mais &agrave; la haute latitude du cinquante-huiti&egrave;me degr&eacute;.<br />Il s&rsquo;obstinait &agrave; ne pas s&rsquo;arr&ecirc;ter. Apr&egrave;s une halte, peut-&ecirc;tre e&ucirc;t-il &eacute;t&eacute; incapable de reprendre sa marche.