Il y a longtemps que le nom de Mark Twain est c&eacute;l&egrave;bre en France, et que ce nom repr&eacute;sente ce que nous connaissons le mieux de l&rsquo;humour am&eacute;ricain. D&rsquo;autres &eacute;crivains du m&ecirc;me genre, Arthemus Ward, par exemple, ont eu grand succ&egrave;s chez leurs concitoyens et en Angleterre, mais leur plaisanterie est trop sp&eacute;ciale pour nous toucher. Ou bien elle consiste en jeux de mots v&eacute;ritablement intraduisibles dans notre langue, et dont toute la saveur nous &eacute;chapperait. Ou bien leur verve s&rsquo;exerce sur des sujets usuels, familiers aux Am&eacute;ricains, qui saisissent imm&eacute;diatement l&rsquo;allusion, laquelle demeure une lettre morte pour nous. L&rsquo;humour de Mark Twain est plus accessible. Ses plaisanteries sont d&rsquo;un int&eacute;r&ecirc;t plus g&eacute;n&eacute;ral. Leur sel touche notre langue. Comme tous les grands &eacute;crivains, il a su devenir universel tout en demeurant national. Par les sources o&ugrave; il a puis&eacute; son humour, par la peinture qu&rsquo;il nous pr&eacute;sente d&rsquo;une soci&eacute;t&eacute;, d&rsquo;une &eacute;poque, et de m&oelig;urs d&eacute;termin&eacute;es, par la tournure d&rsquo;esprit et par l&rsquo;interpr&eacute;tation, il est en effet profond&eacute;ment et intimement am&eacute;ricain.<br />Ses ouvrages ne sont, d&rsquo;ailleurs, que le reflet de son existence mouvement&eacute;e, aventureuse, marqu&eacute;e au coin de la plus &eacute;trange &eacute;nergie, et tellement repr&eacute;sentative de celle de ses contemporains. Samuel Langhorne Clemens, qui prit plus tard le pseudonyme de Mark Twain, naquit &agrave; Florida, petit hameau perdu du Missouri, le 30 novembre 1835. La grande ville la plus proche &eacute;tait Saint-Louis, qui ne comptait pas, d&rsquo;ailleurs, &agrave; cette &eacute;poque, plus de dix mille habitants. Ses parents s&rsquo;&eacute;taient aventur&eacute;s dans ces solitudes avec l&rsquo;espoir de faire fortune dans un pays neuf. Mais leur espoir fut d&eacute;&ccedil;u. Et apr&egrave;s la mort de son p&egrave;re le jeune Clemens dut se pr&eacute;occuper de gagner promptement sa vie.