Le directeur est &agrave; l&rsquo;avant-sc&egrave;ne. Il a pos&eacute; une chaise contre la rampe. A c&ocirc;t&eacute; de lui, un homme tient le manuscrit et, sto&iuml;que sous mille invectives, souffle leur r&ocirc;le aux acteurs. C&rsquo;est un personnage aux cheveux boucl&eacute;s, de vingt-cinq &agrave; soixante-dix ans, et dont on ne sait s&rsquo;il est un noble ruin&eacute; ou un prol&eacute;taire non enrichi.<br />La r&eacute;p&eacute;tition est commenc&eacute;e depuis une heure pour le quart. A deux heures et demie arrive un homme pesant, &agrave; qui le directeur tend une main distraite, sans le regarder, et qui prend place &eacute;galement &agrave; l&rsquo;avant-sc&egrave;ne sur une chaise avanc&eacute;e &agrave; la h&acirc;te par le deuxi&egrave;me r&eacute;gisseur. L&rsquo;auteur &mdash; car c&rsquo;est lui &mdash; a pris un air migraineux pour excuser son retard. Mais personne ne lui demande d&rsquo;explication, cet incident n&rsquo;ayant rien d&rsquo;exceptionnel.