Pierre est né aveugle. Sa famille l'accueille comme tous les enfants qu'elle a déjà accueillis. Son éducation va lui apprendre les choses de la vie qui lui sont hélas inaccessibles, les couleurs par exemple, c'est la musique qui le guidera. <br/>L’analogie sons couleurs revient souvent dans son discours (on pense aux <i>Correspondances</i> de Baudelaire) et les pages sur la sensibilité du jeune aveugle à la musique abondent.<br/><br/>Traduction intégrale de Zinovy Lvovsky, 1931. <br/><br/>EXTRAIT<br/><br/>L'enfant naquit dans une riche famille du Sud-Ouest, tard dans la nuit. La jeune mère était couchée, assoupie, mais lorsque le premier cri du nouveau-né — un vagissement doux et plaintif — retentit dans la chambre, la jeune femme, les yeux fermés, commença à s’agiter dans son lit. Ses lèvres murmuraient quelque chose et sur son visage pâle, aux traits fondus presque enfantins, parut une grimace de souffrance impatiente, comme chez un enfant gâté éprouvant un chagrin inaccoutumé.<br/>La sage-femme inclina l’oreille vers les lèvres balbutiantes de la jeune mère.<br/>— Pourquoi&#8239;?... Pourquoi fait-il cela&#8239;? demanda la malade d’une voix à peine perceptible.<br/><br/>À PROPOS DE L'AUTEUR<br/><br/><b>Vladimir Galaktionovitch Korolenko</b>, né à Jytomyr le 15 juillet 1853 et mort à Poltava le 25 décembre 1921, est un écrivain ukrainien engagé d'inspiration populiste, auteur de nouvelles, journaliste et défenseur des droits de l'homme.